Courez voir « Merci patron ! », le documentaire pugnace de François Rufffin,sorti en février dernier. Tout comme Michael Moore s’en prenait, dans « Roger et moi » (1989), au PDG de General Motors qui avait mis toute la ville de Flint au chômage, François Ruffin s’attaque, sur le mode de la dérision, à Bernard Arnault, directeur de LVMH, coupable d’avoir participé au démantèlement du tissu industriel du nord de la France en fermant et délocalisant des usines textiles. Ici, Ber- nard Arnault a déplacé en Pologne l’usine Kenzo de Poix-du-Nord. Ruffin rend visite à divers chômeurs victimes de cette fermeture, jusqu’au jour où il rencontre la famille Klur, à deux doigts de l’expulsion à cause d’une dette d’assurance qu’elle ne peut pas payer. Ruffin, qui n’a « peur de rien, conçoit alors avec cette famille un stratagème pour extorquer la somme à Arnault (une goutte d’eau pour la deuxième fortune de France)». (1)
De manière improbable, tant la farce est énorme, la manœuvre fonctionne et le couple réussi à faire cracher Bernard Arnault au bassinet.
Le film le plus insolemment populaire du début d’année 2016 est véritablement jubilatoire, tant il réussit la gageure de réenchanter l’action et de replacer l’imagination au cœur des luttes sociales dans une époque où l’on a besoin de redonner la force de se battre. Une fable façon La Fontaine qui pourrait se terminer ainsi : « On est plus fort qu’ils ne le pensent et ils sont plus fragiles qu’on ne le croit ». (2)
« Merci patron ! » est diffusé du 20 au 25 avril au cinéma La Façade à Ambert, et du 21 avril au 3 mai dans le circuit de Ciné-Parc.
(1) Les Inrocks / (2) L’Humanité